Comptines molliéroises

PETITES COMPTINES QU'APPRENAIENT NOS GRANDS-PERES ET GRANDS-MERES AUX PETITS MOLLIEROIS EN JOUANT AVEC EUX



« Poun-pougné » (jeu de mains)

Sur la table, l’enfant pose son poing (« lou pougné ») fermé sur le poing du parent, puis celui-ci touche chacun des dix doigts en remontant lentement vers le sommet et en égrenant :

Poun pougné, poun pougné, …

En arrivant au pouce ouvert de l’enfant et en l’attrapant fermement, le parent s’écrie :

Castélé ! (« petit château »)

Puis en ouvrant l’index de l’enfant, il demande :

-Cù ia ‘qui dintre ?

-De boous me de vachas (répond l’enfant, aidé du parent au début)

-Cu lous gouverna ? (en ouvrant ensuite le majeur de l’enfant)

-Lou varlé.

-E que li douna ? (en ouvrant l’auriculaire)

-De pailla mé de fé.

Puis, ouvrant le dernier doigt, le parent proclame :

-Cu mouostra las dens a én bèl soufflé !



A ce moment-là, le parent et l’enfant se regardent fixement dans les yeux en tenant leurs lèvres bien serrées, jusqu’à ce que l’un d’entre eux éclate de rire, et l’autre lui donnera une petite gifle en continuant de rire. Cette comptine rappelle évidemment le « je te tiens par la barbichette » français.

Traduction :



« Pou-poing, pou-poing… »
Petit château !

-Qui y a-t-il là-dedans ?
-Des bœufs et des vaches.
-Qui s’en occupe ?
-Le valet.
-Et qu’est-ce qu’il leur donne ?
-De la paille et du foin.
-Qui montre ses dents reçoit un beau soufflet !


« Aquél di qu’a fam » (autre jeu de main)

Le parent prend la main de l’enfant fermée et ouvre successivement chaque doigt en partant du pouce, et en déclamant :

-aquél di qu’a fam…(le pouce)
Aquél di que dins la caissa noun n’i a,
Aquél di que chal anà rooubar,
Aquél di que rooubar es pecà,
Rïou-chïou-chïou ! cu trabailla vïou !
(en secouant vivement le petit-doigt)



Traduction :

Celui-ci dit qu’il a faim,
Celui-ci dit que la caisse est vide,
Celui-ci dit qu’il faut aller voler,
Celui-ci dit que c’est péché de voler,
Ri-tchi-tchi, celui qui travaille vit !

Variante selon les familles (il s’agit de culture orale !) :

-aquél di qu’a fam…(le pouce)
Aquél di qu’a sét,
Aquél di que chal anà rooubar,
Aquél di que rooubar es pecà,
Aquél di che s’èra én poou pi gros, despìs que l’aurié fach !



Traduction :

Celui-ci dit qu’il a faim,
Celui-ci dit qu’il a soif,
Celui-ci dit qu’il faut aller voler,
Celui-ci dit que c’est péché de voler,
Celui-ci dit que s’il était un peu plus grand, depuis qu’il l’aurait fait !

Comptine qui montre, dans ses deux variantes, que c’est finalement les plus petits qui ont le plus de raison ou de courage !



« Sèrou mèrou baoudoulì »

Le parent prend l’enfant à califourchon sur ses genoux, face à lui, et le balance d’avant en arrière par les bras, et il chante en rythme :

Sèrou mèrou baoudoulì,
Vai veire toun pairì
Que té doune ‘na pinta de vì,
Vai vèire ta mairina
Que te doune’na roouba fina,
Vai veire toun paigrà
Que te doune’n saque de blà
Vai veire ta maigrana
Que te doouné’na roouba de lana,

Tirou lirou, baoudouli!



Traduction :

« Sèrou mèrou baoudoulì, » (l'expression n'a pas de signification précise, c'est la musicalité qui compte)
Va voir ton parrain,
Pour qu’il te donne une bouteille de vin,
Va voir ta marraine
Pour qu’elle te donne une robe fine,
Va voir ton grand-père,
Pour qu’il te donne un sac de blé,
Va voir ta grand-mère,
Pour qu’il te donne une robe de laine,

"Tirou lirou, baoudouli!" (en secouant le petit enfant)