Présentation des lieux

          Bienvenue à la découverte de Mollières !

          Le village de Mollières et son vallon font partie du massif du Mercantour. Le site, spectaculaire et plein de charme, se présente comme une cuvette très allongée orientée est-ouest, entièrement encerclée de montagnes. Il s’agit en effet d’un ancien glacier dont les deux extrémités sont constituées par le Col Salèzes au point haut, et au point bas, un peu en aval du village, le verrou glaciaire, remarquable par un rapprochement impressionnant des montagnes de part et d’autre et d’importantes chutes à cet endroit. En effet, la colonne vertébrale de ce site est constituée par le torrent, le vallon de Mollières, qui prend sa source au très fameux Lac Nègre. Le village est situé à une altitude de 1550 m.

          Voici les territoires qui entourent le vallon de Mollières : en-deçà du Col Salèzes par où l’on accède principalement aujourd’hui, la commune de Saint-Martin de Vésubie ; au sud, sur toute la longueur de la crête quasiment, Valdeblore ; à l’ouest, c’est-à-dire en suivant la rivière en aval, les communes de Rimplas, de Saint-Sauveur-sur-Tinée et d’Isola ; du côté nord, le bas du vallon est symétrique du vallon de Chastillon, donc commune d’Isola ; vers le haut du vallon, nous sommes limitrophes de l’Italie, précisément la vallée du Gesso, la commune de Valdieri.

          Pour visualiser la situation de Mollières et son relief, on pourra se reporter à la page des cartes et vues satellites.

                    Tous les chemins mènent à Mollières

          L’accès au village présente donc à première vue une anomalie. En effet, la piste routière d’aujourd’hui, venant de la Vésubie, via Saint-Martin, puis le Boréon, oblige à franchir le Col Salèzes à une altitude de 2030 m, ce qui semble à juste titre aberrant. Ce qui a pour conséquence que l’accès est impossible la plus grande partie de l’année, en raison de l’obstacle de la neige à une telle altitude. Mais cette piste, construite après la guerre, a plus été dictée par des impératifs autres que ceux du bon sens et de l’intérêt de la population, alors affaiblie par la diaspora.

          Il existe un autre accès, que l’on peut prendre uniquement à pied (ou à cheval, ou à vélo !), et qui permet d’accéder au village même l’hiver, pour les amoureux de Mollières et du sentiment intense apporté par la solitude et la paix qui y règnent alors. Le chemin longe tout simplement le vallon de Mollières en aval, la vallée se rétrécissant fortement sur tout le parcours, jusqu’à la Tinée. Cet accès était le passage naturel qu’empruntaient alors les gens de Mollières pour rejoindre soit leurs terrains de la Liouma, soit, via Pont-de-Paule, au confluent avec la Tinée, le village de Saint-Sauveur où ils allaient très régulièrement s’approvisionner et vendre quelques denrées, comme des animaux, des produits laitiers ou un peu de bois.

                    Un site façonné par les dieux

          Le versant de la rive gauche est à l’ubac ; il est couvert de luxuriantes forêts constituées principalement de sapins épicea. Ces forêts, non exploitées depuis de nombreuses décennies, sont devenues trop denses, les arbres sont souvent trop âgés et se creusent de l’intérieur, c’est devenu une forêt malade, faute de soins, faute de préoccupation des pouvoirs publics, depuis que le village a été abandonné. Par essaimage non contrôlé, la forêt descend de plus en plus, recouvrant peu à peu les anciens pâturages en face du village, défigurant peu à peu le domaine d’occupation humaine d’autrefois, ce qui est très regrettable.


          Le versant de la rive droite est entièrement à l’adret, en plein sud. Là, on trouve des forêts beaucoup plus clairsemées et principalement constituées de mélèzes. Au bas du vallon, près du verrou, et jusqu’à une certaine altitude, du fait de l’influence de l’air chaud qui remonte la vallée, on trouve des espèces de plus basse altitude : des pins et certains feuillus, du type du bouleau, etc. L’effet climatique du verrou est à ce point décisif qu’aussitôt passé cette limite, on observe en aval une tout autre végétation, dominée par les feuillus : ce verrou marque bien une limite climatique entre basse montagne et moyenne et haute montagne. A ce propos, les Molliérois étaient tous propriétaires de quelques parcelles situées plus en aval, au lieu-dit Liouma : c’est là qu’en raison d’un climat plus tempéré, ils menaient paître à la fin de l’hiver, pouvaient faucher plusieurs coupes de fourrage, cultivaient des légumes plus sensibles et plus variés, et avaient quelques arbres fruitiers, pommiers, cerisiers, noyers, noisetiers…

          C’est donc sur ce versant de l’adret que le village a été établi, en bas du vallon qui présente un élargissement de la vallée ; et c’est sur les côteaux qui dominent le village qu’ont été aménagés les champs destinés à faire vivre toute la population du village. Les Molliérois avaient aussi des prés dans une vaste clairière en amont du village sur ce même versant , au lieu-dit Ciaissi, où l’on peut encore reconnaître des ruines de granges. Compte tenu de l’importante qu’avait le bétail pour un mode de vie essentiellement autarcique, on comprend que le maximum d’espaces de prés et pâturages étaient nécessaires.

                    Que d'eau !

          On ne peut enfin terminer une présentation générale du site, même sommaire, sans évoquer l’eau, tant elle est présente et abondante dans ce merveilleux vallon, si bien qu'elle est peut-être à l'origine du nom même de Mollières. Sur cette question, on pourra se reporter à la rubrique qui lui est consacrée en cliquant ici.

          La rivière, appelée "Vallon de Mollières", constitue la nervure principale de cette verdoyante vallée, et elle est alimentée sur tout son parcours, et sur les deux versants, par une quantité de petits ruisseaux à l’eau froide, issus de sources nourries par la fonte des neiges. Les Molliérois qui partaient soit pour travailler aux champs, soit pour mener paître des animaux, ou faucher, ramener du bois, chasser, ou même passer jusqu’en Italie pour se rendre à une foire, ne prenaient jamais d’eau avec eux : ils étaient certains d’en trouver en chemin. De même les bêtes en pâturage, d’un côté ou de l’autre, n’avaient pas de peine à s’abreuver. Sur ses hauteurs nord, le site comporte un nombre appréciable de lacs : le Lac Nègre qui constitue la source de la rivière, les lacs de Sclos, le lac de Tavels qui alimente le vallon du même nom, les lacs de la Mercière enfin, tous donc situés sur le versant de la rive droite, où les sommets sont les plus élevés et enneigés l’hiver.

          Les champs au-dessus du village étaient donc alimentés par plusieurs ruisseaux qui les traversaient. Il suffisait alors d’irriguer les terrasses selon la technique mondialement connue du « bial » (canniveau). L’été toutefois, au plus fort de la végétation des pommes de terre et des céréales, la demande en eau était forte : on procédait donc à certaines périodes à une répartition de l’eau par roulement, en établissant des tours de rôle de quelques heures, jour et nuit. Cette répartition se faisait très officiellement en assemblée générale à la Maison commune.

          C’est le Vallon des Eaux, le premier en aval du village qui alimentait – comme encore aujourd’hui – la fontaine du village. Celle-ci était le seul point d’eau courante : ce qui veut dire que, pour les besoins domestiques, chacun devait s’y rendre quotidiennement avec des seaux pour fournir à tous les usages de la maison et des bêtes.

          Il existait aussi – et il existe toujours – un canal qui conduisait jusque sur la place l’eau du premier ruisseau en amont du village : cette eau servait principalement à fournir la force motrice au moulin communal que l’on peut voir encore aujourd’hui, quasiment intact, juste en contrebas de la place. Au début du siècle, ce canal avait fait tourner les machines de la scierie située en dessous du village, près de la rivière, mais celle-ci n’a fonctionné que peu de temps, faute de rentabilité. A la même époque, et jusqu’à la destruction du village, le canal faisait aussi tourner deux turbines de production d’électricité, car il faut signaler qu’alors le village était électrifié, de manière autonome, économique et écologique, avantage exceptionnel à cette époque et à ces altitudes, alors que dans bien d’autres villages, on s’éclairait encore au pétrole...